Pourquoi est-il intéressant de comprendre l’histoire des origines de la réflexologie et ses variantes qui l’ont enrichie au fil du temps ?
Premièrement pour se rendre compte de l’énergie et de la passion que cette discipline a engendré auprès des fondateurs.
Ensuite pour prendre du recul face à une vague de fond qui tend à spiritualiser et à orientaliser toutes les disciplines d’accompagnement de la santé, dites complémentaires.
Enfin pour avoir une perspective sur ce qui doit encore être prouvé et découvert sur les bienfaits de la réflexologie et comment elle peut s’imbriquer avec plusieurs autres soins complémentaires.
La réflexologie existait-elle dans l’antiquité ?
Partons d’un premier axiome essentiel :
La réflexologie, n’est pas l’art du massage du pied. Ou dans tous les cas, pas uniquement.
On en stimule des parties dans un but très précis, avec une technique adéquate et l’efficacité du soin dépend davantage de cette minutie que de la détente des muscles et des fascias du pied.
A l’heure actuelle, dans aucun texte ancien il n’est fait mention de zones réflexes, ou de réactions de l’organisme à la stimulation de la plante des pieds.
Cependant, plusieurs écrits et illustrations sont bien connus pour montrer des thérapeutes en action sur les pieds. On retrouve ces illustrations et ces mentions, chez les Egyptiens (la fameuse peinture de la tombe du médecin égyptien Ankmahor à Saqqara datée de -2500 av JC), les Chinois, les Incas et les Indiens d’Amérique du Nord (Cherokee).
Il y a donc un ancien savoir lié à l’efficacité de la manipulation des pieds dans les peuples anciens, puisqu’elle se retrouve sur trois continents, au moins, mais il n’y a aucun manuscrit qui en codifie les applications.
Chose encore plus étrange, l’œuvre majeure de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), le Huangdi Nei Jing, qui détaille toute l’approche holistique de la pensée universaliste chinoise ne mentionne à aucun moment le massage ou la stimulation plantaire comme un/une des thérapies offertes à l’arsenal des médecins en MTC.
On peut donc exclure dès à présent, toute origine Chinoise de la Réflexologie Plantaire telle qu’on la connait aujourd’hui: celle que l’on nomme couramment Réflexologie Occidentale.
A cette époque on connaissait très peu la MTC dans le monde occidental, puisque ce n’est qu’à partir de 1860 que les premiers médecins se sont intéressés à l’acupuncture (Dabry, en 1863 sur l’acupuncture et Regnault en 1902 sur la MTC plus générale, et scientifiquement on ne s’y intéressera que dans les année 1930-1950). Inge Dougans, qui, plus tard s’est intéressée à la question indique que la première thèse sur le sujet a été écrite en 1883 par Ten Thyne, un médecin hollandais.
En revanche, la stimulation de certains points précis des pieds, dont un seul se trouve sur la plante des pieds (le R1), et notamment des orteils, du dos des pieds et des côtés de la cheville sont partie intégrante des protocoles de digitopuncture (ou acupression) découlant de la théorie énergétique chinoise ayant pour but de débloquer la circulation de l’énergie dans l’organisme.
Alors, quel lien entre MTC et Réflexologie ?
On y reviendra, car un courant précis, celui de la Réflexologie Sudafricaine initié par Inge Dougans (qui par ailleurs est Danoise !) associe à juste titre la réflexologie occidentale et l’approche des méridiens (acupression) pour maximiser l’effet de l’intervention sur les pieds. Et c’est fascinant.
On peut aussi évoquer la Réflexologie Energétique Chinoise, entièrement basée sur les principes de la Médecine Traditionnelle Chinoise et qui a pour but de faire circuler le Qi, l’énergie vitale, de façon équilibrée dans l’ensemble du corps.
Du coup, qui a concrètement mis les premières pierres de l’édifice Réflexologie ?
C’est en Europe qu’il faut aller chercher les premiers embryons, hérités de quelque tradition ancestrale de stimulation du pied au gré des migrations des peuples sur le continent.
En Italie en 1582, ils semble que les docteurs Adamus at Atatis publièrent un livre sur la thérapie des zones, en référence à des zones des pieds stimulées pour obtenir des effets curatifs .
Quelques années plus tard, le docteur Ball à Leipzig reprenait le même sujet dans son ouvrage.
En Allemagne, en 1893, le docteur Cornélius remarqua, pendant ses cures thermales, une amélioration de ses douleurs lorsqu’il recevait des massages aux pieds d’un médecin en particulier qui appuyait fortement sur toutes les zones douloureuses des pieds de façon insistante. Il en écrivit un ouvrage Druckpunkte (points de pression) en 1902.
En 1898, à Londres, Henry Head remarque que des zones de la plante des pieds devenaient très douloureuses à la pression lorsque des pathologies affectaient certains organes. On appela ces zones, les zones de Head. Et on pensait à l’époque que ces zones d’hyperalgésie étaient liée à des organes spécifiques par un réseau nerveux.
C’est probablement au cours de ses voyages d’étude en Autriche et à Londres, que le docteur Fitzgerald, américain, fut mis au contact de ce nouveau savoir, et s’en servit pour créer une nouvelle approche de la médecine.
Car au tout début, il s’en servait uniquement pour certains actes médicaux…
Rendez-vous dans l’article consacré au Dr Fitzgerald, pour connaître les bases de la théorie qui soutient la Réflexologie.