Le père de la Réflexologie

Le Dr Fitzgerald, concepteur de la thérapie des zones, est considéré par une majorité de Réflexologues comme le père de la Réflexologie. C’est lui, qui le premier, a identifié une corrélation entre des pressions sur les extrémités du corps et une amélioration de certains symptômes.

Retour sur une aventure scientifique expérimentale passionnante racontée dans son livre: La Thérapie des Zones.

Dans son livre écrit en 1917 avec le Dr Bowers, le Dr Fitzgerald retrace son expérience de la Thérapie des Zones dans son activité de praticien.

C’est un médecin spécialisé en ORL.

Américain, formé dans le Vermont et à Boston, il a débuté sa pratique en ORL à Vienne et à Londres avant de travailler à Hartford dans le Connecticut.

Dans ce livre, publié sur demande du Dr Bowers, assistant du Dr Fitzgerald, plusieurs applications de la thérapie des Zones sont décrites sur la base de cas patients.

Rien de très scientifique, donc, comparé à ce que l’on devrait réunir comme informations aujourd’hui pour pouvoir promouvoir une nouvelle thérapie, mais une approche empirique suffisamment probante pour avoir traversé des décennies sans jamais être taxée de charlatanisme.

Dans le premier chapitre, c’est le Dr Fitzgerald lui-même qui nous éclaire sur ce qu’est la Thérapie des Zones.

Une méthode d’anesthésie et d’analgésie

Tout a commencé par des recherches sur la douleur.

Nous sommes en 1917, l’analgésie et l’anesthésie sont encore peu développées. Les patients sont souvent opérés sans aucune forme de prévention de la douleur. C’est ce qui interpelle le Dr Fitzgerald.

L’idée de base est le bloc nerveux. En appuyant fortement là où ça fait mal, ou sur le trajet entre ce point et le cerveau, on peut réduire l’intensité de la douleur.

Il suffit de penser au premier réflexe lorsqu’on se cogne…on porte sa main sur l’endroit douloureux, on presse et on frictionne, comme si on dissipait la douleur, pour l’empêcher d’arriver au cerveau.

C’est à partir de cette observation que les premiers anesthésistes ont compris qu’ils pouvaient injecter des agents anesthésiants (la cocaïne, en tout premier lieu) sur le trajet du nerf entre le point douloureux et le cerveau. Une forme d’anesthésie loco-régionale.

Mais le Dr Fitzgerald avait remarqué qu’une pression forte sur un os, ou une articulation, sur ce même trajet avait des effets analgésiants. Et en appuyant encore plus fort, on pouvait annuler cette sensation de douleur en atteignant un niveau d’insensibilité comparable à l’anesthésie.

Le taux de réussite était estimé à 80% pour la réduction de la douleur et 65% pour la suppression de celle-ci. Encore fallait-il avoir le bon geste.

Plus tard il réalisa que la pression sur les doigts était aussi efficace que la pression près du lieu de la douleur. Et c’est ainsi que d’un thérapie analgésique locale par pression, il proposa sa thérapie des zones.

Mais suivons le cheminement du Dr Fitzgerald.

Tout commença par le traitement des céphalées.

Au lieu de prendre des opiacés, le Dr Fitzgerald propose d’appuyer fermement avec le pouce, ou encore mieux avec un instrument adapté métallique (comme ceux que l’on trouve chez des ORL) sur le palais, pour une durée de 3 à 5 minutes. Et parcourir ce même palais vers la droite ou vers la gauche pour baisser l’intensité du mal de tête dans les zones du crâne correspondantes.

Selon le Dr Fitzgerald, toute céphalée d’origine nerveuse (tension neuro-musculaire) cèdera à ce massage.

La pression aura lieu dans la voûte du palais dans la zone correspondante à la douleur dans la voûte crânienne. Près de la racine des incisives pour une douleur frontale, ou près des molaires pour les douleurs au niveau des tempes.

On peut avoir les mêmes résultats (documentés dans le livre) en appliquant cette pression dans le nez, ou même au bout des doigts. Mais pas n’importe où… sur la dernière articulation.

Comme dans le palais, le choix de la zone à presser dépend de la localisation de la douleur dans la tête. Et c’est ainsi que chaque doigt semble relié à une zone du crâne.

Voilà comment est née la Thérapie des Zones.

Des essais, par zone, sur chaque fonction de l’organisme

Dans les chapitres suivants, plusieurs cas cliniques sont exposés. A travers ces exemples le Dr Fitzgerald et le Dr Bowers transmettent les résultats de leurs recherches sans forcément expliquer comment cela se passe. Ils sont déjà émerveillés par les résultats.

Le goître. Fréquent dans les anciens temps, le goître provient d’un mauvais fonctionnement de la Thyroïde, qui grossit, et envahit le cou. Cette hyperthyroïdie s’accompagne d’exophtalmie et de pulsations accélérées.

L’origine du goître, à l’époque, était inconnue, mais il était évident que cela créait de l’inconfort et la sensation de suffoquer au patient. Il y avait là une situation de stress nerveux et de douleur que la thérapie des zones allait soulager.

La première approche fut d’utiliser une sonde métallique introduite dans les narines jusqu’à la base du pharynx, en la maintenant appuyée sur ce point précis pendant quelques minutes. Pas très confortable. Du coup le Dr Fitzgerald a tenté une pression sur l’articulation du pouce. Et ça a marché. D’autres médecins ont aussi suivi avec succès cette approche. Pour avoir un résultat qui dure dans le temps, il faut prolonger la pression pendant longtemps, alors le Dr Fitzgerald a utilisé la méthode des élastiques. La pression sur les articulations sera maintenue par un élastique enroulé autour de celle-ci et serré très fort.

Résultat : diminution ou disparition du goître, meilleure qualité de vie, etc…

Une autre application de la pression des doigts (« finger squeezing ») est la douleur ophtalmique liée à la fatigue oculaire. On appuie fermement sur le deuxième ou le troisième doigt, selon la position des yeux dans le visage.

Ce traitement semble résoudre non seulement les douleurs et les troubles d’origine nerveuse ou neuro-musculaire (ou neuro-endocrine) mais aussi les troubles inflammatoires.

Dans le chapitre suivant, le Dr Fitzgerald a réussi à réactiver le nerf auditif grâce à la stimulation des zones. Il s’agit de patients atteints d’otosclérose, ou de plusieurs formes de congestion dans la région de l’oreille. A travers la stimulation de la zone autour des dents de sagesse, ou en stimulant les articulations des troisième, quatrième et cinquième doigts des mains à l’aide de pinces, d’élastiques ou même de peignes en aluminium les patients ont retrouvé une bonne capacité auditive, parfois en quelques instants.

Sur un plan plus féminin, le Dr Fitzgerald s’est efforcé de réduire les douleurs pendant l’accouchement. Ce fut fait avec succès, en créant même des outils appropriés pour serrer le bout des doigts.

Au fil des dix-huit chapitres on voit défiler des patients qui ont bénéficié de l’expérience du Dr Fitzgerald et d’autres adeptes de la Thérapie des Zones pour soigner :

  • Les douleurs prémenstruelles
  • Les hémorroïdes
  • La constipation
  • Les douleurs et les contractions de l’estomac
  • Les lumbagos
  • Les tensions nerveuses de toute sorte
  • Les maladies ORL : asthme, fièvre des foins, amygdalite
  • Les extinctions de voix
  • La toux
  • Etc…

Les instruments utilisés pour stimuler, ou plutôt presser -devrions-nous dire- les zones sont toujours les mêmes :

  • Des instruments métalliques utilisés en ORL (comme des abaisse langue)
  • Des peignes en aluminium pour piquer les articulations des doigts en les serrant dans la main, ou pour brosser la plante des pieds ou la paume des mains
  • Des élastiques pour serrer très fort la région des articulations
  • Des pinces à linge, pour presser les bouts des doigts
  • Ou tout simplement les doigts du praticien à utiliser comme pince sur les articulations.

Des explication à la réussite des séances de Thérapie des Zones?

A ce stade, aucune explication n’est donnée pour ce phénomène. Il y a uniquement une mise en relation entre des positions relatives dans le corps humain. Les doigts internes (pouces – gros orteils) vont stimuler des zones centrales de notre corps, et les doigts périphériques vont stimuler des zones périphériques.

Ces zones à stimuler se trouvent dans la région du nez et du pharynx, sur le palais, sur la langue et sur les doigts et orteils

Il y a donc une projection des terminaisons nerveuses qui relient des points du corps, et en pressant une, on agit sur toutes les zones traversées par la projection de cette terminaison.

Ces zones se trouvent dans la région du nez et du pharynx, sur le palais, sur la langue et sur les doigts et orteils.

C’est d’ailleurs tout le sens du propos du chapitre dédié aux dentistes. Le Dr Fitzgerald explique comment désensibiliser la douleur sur une dent en appuyant fermement quelques minutes sur l’articulation du doigt correspondant : pouce pour incisive, annulaire pour molaires, etc…

Cependant, il reconnait que cela prend du temps et que les dentistes n’en ont pas assez pour ne pas recourir à des méthodes plus rapides. Il laisse alors cette option à l’automédication pour des rages de dents, ou en préparation à une extraction.

Dans le dernier chapitre, sorte de leg à la postérité, le Dr Fitzgerald s’adresse à ses confrères médecins.

Tout naturellement en cas de douleur, depuis que l’humanité existe, nous serrons les dents, nous serrons nos poings jusqu’à ce que nos ongles marquent la paume de nos mains, nous poussons la plante des pieds contre des objets pointus. Tout cela afin de réduire les douleurs que nous ressentons.

Depuis que le Dr Fitzgerald a découvert par hasard qu’en tapotant avec un instrument métallique une muqueuse dans le pharynx il pouvait obtenir un effet analgésiant et anesthésiant similaire à celui obtenu par des drogues, il s’est efforcé de tester cette méthode dans tous les cas où la douleur et les tensions neuromusculaires nous empêchent de vivre normalement.

En reliant les zones à stimuler et les organes profitant de ces stimuli, il a pu cartographier notre corps et c’est ce qu’il a appelé la Thérapie des Zones.

On connait surtout l’illustration de la thérapie des zones à partir des doigts et des orteils.

Mais il a aussi cartographié la langue, le palais, les lèvres, le pharynx…

Ainsi chaque point de la première zone sera en mesure de réduire la douleur et l’inflammation des régions traversées par cette première zone, et ainsi de suite.

Cependant, si une pathologie (infection, forte inflammation) bloque le trajet de cette ligne, la réponse sera d’abord une sensibilisation, aggravation temporaire de cette pathologie, et ensuite disparition de celle-ci. La stimulation excite les zones plus atteintes, avant de les désensibiliser.

Dans ce cas, la thérapie des zones devient un instrument de diagnostic.

Les pressions seront maintenues de une à quatre minutes.

Les patients peuvent ressentir les effets de certaines substances appliquées sur le lieu de stimulation dans l’ensemble de la zone correspondante. Pour le Dr Fitzgerald, il s’agissait de substances provoquant des sensations de froid et de chaud. Pour nous aujourd’hui il pourrait s’agir d’huiles essentielles utilisées sur les zones de pression en réflexologie.

Les ongles et les dents ayant un rôle de protection des zones à stimuler, il faut impérativement les protéger et les conserver en bonne santé. Le cas échéant des processus inflammatoires pourraient avoir lieu dans les zones correspondantes (il suffit de penser aux problèmes digestifs causés par de mauvaises dents, ou des problèmes de dos causés par de mauvaises chaussures qui écrasent les orteils.

Enfin dans ce dernier chapitre, le Dr Fitzgerald essaie de proposer des clés de compréhension de ce phénomène.

Il penche pour un message nerveux qui de la zone réflexe atteint la moelle. Et même plus que d’un message, il s’agit d’un choc nerveux.

Pour d’autres c’est l’hypothalamus (la glande pituitaire) qui serait responsable de la réponse à la stimulation.

Dans tous les cas, lorsqu’une pression est exercée, on crée une inhibition du message nerveux réflexe (du cerveau vers l’organe) dans la zone correspondante. Et lorsque le message nerveux qui appelle à l’irritation ou l’inflammation cesse, la pathologie cesse.

La Thérapie des zones montre une corrélation de toutes les parties du corps.

Le message d’espoir du Dr Fitzgerald

La dernière phrase est un message d’espoir pour tous les futurs utilisateurs de sa Thérapie. Il considère que ses travaux ne sont pas une panacée, mais un actif pour la connaissance de la médecine. Il souhaite que tous les praticiens, auxquels il a offert cette méthode généreusement et gracieusement, en fassent bon usage pour soulager l’humanité souffrante.

En conclusion, la lecture de cet ouvrage, fondateur de ce que sera ensuite la réflexologie, nous apporte plusieurs informations :

  • La Thérapie des zones a été découverte accidentellement par le Dr Fitzgerald au cours de sa pratique d’ORL
  • Elle a été systématiquement étudiée afin de cartographier les relations entre les zones du corps. Cependant, les orteils ou les pieds sont encore peu utilisés dans la thérapie.
  • Rien n’a été laissé au hasard : ni les instruments utilisés, ni les zones stimulables, ni les pathologies traitables
  • Le Dr Fitzgerald émet une hypothèse sur le fonctionnement de la thérapie. Une surstimulation du nerf périphérique a pour effet une réponse centrale (via le cerveau) dans une autre zone du corps avec pour effet une diminution ou une suppression des messages de douleur ou de congestion.
  • Cette thérapie n’a rien d’une thérapie ancestrale. Elle a été entièrement produite au XXe siècle sans apport de médecine traditionnelle chinoise. Uniquement dans la conclusion du livre il est fait mention des Japonais et de leur Jiu Jitsu qui leur permettait de terrasser un adversaire les mains nues, en appuyant sur des points spécifiques. Et cela uniquement pour insister sur le fait que les médecins qui refusaient la Thérapie des Zones ne connaissaient pas tout du fonctionnement de l’organisme.

Dans tous les cas, à partir de ce moment, plusieurs médecins et physiologistes s’emparèrent du sujet pour le comprendre et apprendre à s’en servir.